Les chaises sont faites pour...

Mon projet vise à redonner une extension de vie, une extension de sens à des objets détériorés, à l’aide de techniques artisanales qui mettent en oeuvre le textile. Ainsi, ce projet m’a permis de questionner la réparation comme moyen de créer des formes, des fonctionnalités à partir d’un existant. La réparation d’un objet permet d’être sensible aux différentes phases de la vie de cet objet. Chaque utilisateur peut projeter ainsi une histoire différente sans forcement savoir déterminer le vrai du faux.

Le projet s’inscrit dans un partenariat avec l’association Emmaüs. La matière première est issue des rebuts textiles et des objets invendables. L’idée est ici de réhabiliter autant l’objet que le textile issu des rebuts Emmaüs . L’enjeu est de montrer l’intérêt de chercher à concevoir un nouvel objet à la fois fonctionnel et sensible , puisque chargé d’histoire . Autrement dit , on opère une réparation qui tient le rôle de greffe entre deux temporalités , entre deux formes et entre deux matériaux : un souple et un solide . Mon projet professionnel se solde par trois réalisations qui correspondent à trois différents types de manipulations . Ces objets me permettent de réaliser des modes d’emploi qui seront proposés à la venter lors des grandes ventes Emmaüs Neuilly sur Marne qui ont lieu chaque fin de mois . Les intéressés pourront ainsi acheter les objets qui sont nécessaires pour procéder, eux - même , à la construction de leur nouvel objet , et créer ainsi leur propre lien affectif avec l’objet récupéré et réparé.

HYBRIDATION : Lorsque l’objet est hors d’usage, le concepteur doit s’efforcer d’envisager sa destruction ou sa reconversion. Quelles manipulations peuvent être envisagées ? On propose l’hybridation d’une greffe textile à l’objet existant. L’hybridation est symbolisée par le mélange
de matériaux et de vocabulaires graphiques: entre la chaise Thonet, symbole d’efficacité et de simplicité et la greffe textile plus baroque, plus onirique, plus ludique.

LA REPRISE : Dans un deuxième temps, on propose une manipulation sur l’objet à l’aide de la technique de reprise textile. Cette technique offre un aspect historique qui mérite qu’on s’y attarde. Il existe plusieurs façons de repriser selon les tissus qu’on manipule et selon le diamètre de l’accroc dans le tissu. La reprise s’apparente aux techniques de tissage puisqu’il est, en réalité, question de reformer la trame du tissu qui a été endommagé. Ainsi, travailler sur les différentes façons de repriser , les associer, les mélanger et insister sur les variations possibles obtenues selon les qualités du fil peut permettre de créer un ornement, un motif.

TEINTURE : En premier lieu, l’idée était de réparer l’assise du tabouret par un tissage de lirette bleues, roses en créant du relief, de l’ampleur. Il s’est avéré qu’introduire un mimétisme avec l’osier tressé du tabouret permettait de jouer avec l’idée de contraste et d’hybridation de manière plus subtile. Le linge blanc récupéré chez Emmaüs a donc été teint avec de l’oignon afin de trouver la nuance de couleur qui pourrait se confondre au mieux avec l’osier. Ces nouvelles lirettes ont été tissé et intégré au tissage initial afin de «repriser la première reprise».

FABRICATION : Le prototype 03 est à l’origine une chaise en bois sculpté sans assise. L’idée a été de lui rendre une fonction et de lui en attribuer une nouvelle : un rangement secret, intime. Ainsi, on a construit une nouvelle assise avec un système d’ouverture qui permet d’accéder à un petit rangement intérieur composé de différentes poches. De cette manière, la chaise redevient fonctionnelle, elle permet de nouveau à l’utilisateur de s’assoir mais elle offre aussi une toute nouvelle possibilité d’utilisation.