Les artifices du corps
I Corps en (dé)tresse I
Le corps nu est sans défense, en détresse face à l’adversité de la nature, pour y remédier nous le recouvrons d’artifices divers et adaptés à nos besoins. L’artifice est une pratique naturelle, culturelle et ancestrale.
La tresse est un artifice très ancien, le plus utilisé dans l’art de la coiffure dans l’histoire. C’est une technique qui consiste à l’entrecroisement de mèches, brins ou fibres. Elle est utilisée depuis l’ère du Paléolithique, représentée sur la statuette de la “Vénus de Willendorf” ou encore celle de “La Dame de Brassempouy” elle fait partie de l’histoire de l’humanité. C’est un procédé technique et culturel qu’on retrouve tout au long de l’histoire sous la forme de coiffure, de bijou, de vêtement ou encore de mobilier et de décoration
La tresse possède toutes les caractéristiques de l’artifice : universelle et personnelle, elle tisse les histoires du monde. Pour la culture africaine, la tresse représente un héritage culturel. Elle est une distinction sociale, mais aussi un moyen de communiquer. Dans un autre registre, la tresse en Europe est une coiffure de jeune fille, mais est aussi utilisée comme ornementation, elle représente une époque et un rang social.
Le projet “Corps en (dé)tresse” se positionne avant tout sur la technique du tressage. C’est donc à travers une gamme de déclinaison que le panel des possibilités de la tresse est dépeint. Séparés en trois grandes pistes de recherche utilisant chacune une technique précise ;
la tresse, qui questionne sa propre structure en déclinant les types de matières, les échelles et le nombre de brins.
la surface qui traite la tresse comme un moyen de d’entrecroisement (filet) et aussi comme moyen de recouvrir et d’orner une surface existante (passementerie,).
le volume quand la tresse prend forme dans l’espace (construction textile, moulage, modélisation 3D).
Ces étapes de recherche ont révélé deux directions de créations ; la création de coiffes s’inspirant du vocabulaire de forme de la culture Zoulou et Peul et la création de parures qui emprunte les motifs d’ornement de l’époque victorienne.
Le projet questionne ainsi la tresse appliquée au corps, non pas uniquement comme une coiffure, mais comme une matière à part entière. Le croisement du tressage et des techniques textiles à l’image des mèches qui s’entrelacent, permet la mise en volume de la tresse. Il s’agit d’un nouveau type d’accessoires, afin d’accompagner et de modifier la silhouette du corps. Ce réinvestissement de l’art de la tresse offre des possibilités de déclinaisons presque infinies. Rencontre entre deux univers, l’échange des techniques, des process et des outils de la coiffure et de la création textile afin que coiffure et textile tressent de nouveaux liens pour innover ensemble.