La matière qui parle du territoire
D’où vient la matière des objets qu’on utilise ?
PROJET DE DIPLÔME
Quelle est l’histoire de ce bol ?
De cette fourchette ?
Ce morceau de bois du plancher ?
La matière à une existence propre dans son paysage, dans son milieu d’origine : la montagne, le lit de la rivière, le marécage, l’arbre d’une forêt…
Cette matière brute est une forme abstraite et pourtant un témoignage direct d’un mouvement, de détachements passés. L’état de la matière est un pendant une temporalité entre un avant et un devenir.
Elle est composée de caractéristiques issues de sa fabrication : la teinte de la terre résulte d’un cheminement de particules de montagnes transportées par l’eau à travers des lieux plus ou moins chargés d’oxydes.
Cela représente une temporalité immobile depuis parfois des milliards d’années avant la mise en forme en objet.
Le matériau devenu objet du quotidien continue son existence à travers nous, issus d’une plus grande masse, morcelée, transformée et mise en forme par la volonté humaine.
Cette métamorphose en objet continue de nous révéler ces aspects, tels des indices plus ou moins discrets des paysages qu’elle a traversée, des aventures qu’elle a vécue.
L’usage de tous les jours cache parfois la matière qui peut raconter des choses.
Le projet présente une recherche expérimentale en céramique ayant pour objectif de fabriquer des objets de la table avec la terre récoltée derrière chez moi dans la forêt entre autres.
Il existe une infinité d’argiles différentes dans le monde : chaque terre étant le fruit d'une formation ou d'une préparation particulière, leur malléabilité, leur couleur, ou leur caractéristiques de cuisson sont spécifiques. Il y a là l’opportunité de trouver des argiles avec des teintes et des caractères uniques. C’est à travers le savoir-faire dans l'artisanat et le design que ces matières peuvent magnifier et narrer un territoire.
Aux premiers âges de l’humanité, la céramique a permis de transporter et contenir des denrées ainsi que fabriquer des statuettes sacrées. Elle nous a permis de commencer à modeler, donner forme, élever la matière, plutôt que de tailler et soustraire. Extraite du lieu de vie et façonnée, elle nous informe sur nos origines et sur notre rapport à la fabrication.
Lettre à une jeune potière :
Dès la fin de l’été, tu aperçois souvent des flaques stagnantes ou des traces de petites glissades. Prends un morceau de terre, humide de la dernière pluie. À l’œil et aux doigts, elle est plus fine que le sable, le grain est impalpable. Ce fragment au creux de ta main fais en un anneau. S'il tient et ne se craquele pas alors la terre est prête à être travaillée.
Creuse avec la fourchette ça l’attendrit surtout quand elle est moite, remplis un sac à ta taille. Une fois rentré, mets-la dans un seau d’eau. Attends un jour ou deux et enlève le surplus d’eau. La terre va sécher tranquillement, se solidifier petit à petit.
Au tour, tu testes ses capacités à te suivre dans les formes, dans les ventres ronds, les cols fins et larges assiettes. Il s’agit de savoir jusqu’ou elle se porte.
Par l’expérience d’autre terre plus industrielle comme le grès blanc, tu sentiras les liens invisibles. Elle est soumise, répond vite, accepte tout, pardonne tout.
Les terres de chez toi, composée de la pluie et du vent et des particules des anciennes montagnes, la rend imprévisible, réactive et un peu capricieuse. Elle te répond distinctement, mais il faut chercher longtemps pour comprendre le sens de ses propos, de comment la travailler.
Avec une terre sauvage, c’est un autre temps qui est en jeu. Pour la comprendre pars de ce que tu connais et adaptes tes forces, tes temps de séchage et ta température de cuisson.
Par de nombreux tests de mise en forme j'ai reussit à obtenir des objets apte à être utilisé lors de mon diplôme :
Projet de deuxième année :
De la formation géologique au motif décoratif.
En allant dans de nouveaux endroits, je ramasse souvent une ou deux pierres qui sont toujours un peu bizarres ou un peu remarquables. J’ai une collection de petites ou moyennes pierres qui résultent de ces explorations. Elles se mélangent à la collection de pierre de mon frère : de superbes lapis-lazuli polis côtoient de simples galets ou un quartz blanc qui ressemble à une dent.
Comment se fait-il que les pierres soient si différentes ?
Pourquoi ont-elles des couleurs et des textures si uniques les unes des autres ?
Avec ma manière de les ramasser, je les postiche d’une petite histoire. En regardant un peu plus près, la science classifie les roches par leur composition chimique ainsi que par leur structure.
Elles sont formées depuis si longtemps, une vie de plusieurs millions d’années, en se déplaçant plus ou moins naturellement. Les pierres sont un extrait d’une roche plus grande, d’une montagne plus grande. Ainsi, elles se modifient ou non en fonction de leur dureté et de leur parcours : par l’ablation ou l’agglomération.
Recherches et observations des roches : après observations présente dans le dossier «géologie », mon attention s’est tournée vers les pierres dont la composition est visible à la surface. Le granit, par exemple ou encore le poudingue, d’origines géologiques différentes, c’est quand même ces effets visuels de matière qui retiennent mon attention. De plus toujours après avoir observé et définit un vocabulaire d’effets et de gestes possibles qu’on subie les roches, j’ai constaté qu’il fallait fabriquer mes propres outils pour obtenir des effets d’usure.
Ces deux points ont constitués toute ma recherche jusqu’à aujourd’hui.
Composite :
Assemblage informe (de choses).
Conglomérat :
Ce qui associe en un tout des éléments très divers, hétéroclites, de structures différentes.
Compositions de plusieurs nuances dans lequel le hasard joue un rôle important.
Ce processus existe dans d’autres matières comme dans la fabrication de matelas, d’isolant sonore, de sols en caoutchouc coulé...
Ce motif se retrouve dans le design, nommé terrazzo ou granito, datant de l’antiquité. Il est constitué de fragment de pierre naturelle et de marbre coloré agglomérés à du ciment, le tout est poli pour lui donner le brillant d’une pierre naturelle.
J’ai préparé ma terre colorée avec comme choix chromatique le vert, le rouge, le bleu. Influencé par les murs d’escalade, les sols en plastique dans les lieux public de passage : la cantine du lycée, le RER A.
recherches de couleurs et de formes par la technique du papier découpé
Couleurs franches mais usées, passées, correspondantes aux couleurs vives des pigments qui deviennent pastel avec le mélange de grès blanc.